LES PRECHES POLITIQUES DE SERIGNE CHEIKH TIDIANE SY
Gamou 2009
Beaucoup de tares doivent être corrigées au Sénégal. C’est la conviction du guide spirituel des Moustarchidines, Serigne Cheikh Tidiane Sy, qui a tenu une conférence publique au champ de courses de Tivaouane, lors de la célébration de la naissance du Prophète Mohamed (Psl).
Le champ de courses de Tivaouane a refusé du monde dans la nuit de lundi à mardi. Serigne Cheikh Tidiane Sy, guide spirituel des Moustarchidines, à l’occasion de la célébration du Maouloud, a passé en revue la situation nationale. Il a réitéré, d’emblée, ses propos de l’année dernière lorsqu’il disait : «Le Sénégal a besoin d’être lavé par le dialogue ou par le sang.»
«IL FAUT QU’IL Y AIT DE LA DISCIPLINE AU SENEGAL»
Pour cette année, le discours semble être beaucoup plus clair. «Le pays a besoin d’être lavé, lavage qu’il faudra asseoir sur la légitimité. Et puisqu’on a dit que la seule légitimité a eu lieu en 2000, même si quelques temps après il y a eu un éclatement, il faut qu’on le lave. Il faut qu’il y ait de la discipline dans ce pays, mais aussi, il faut que nous acceptions un jour, qu’il y ait une véritable légitimité. Quand on a besoin de quelque chose, il ne faut pas l’arracher», déclare-t-il, non sans souligner qu’il existe deux mondes : le visible et l’invisible. «Le mensonge, très nuisible du reste, est le plus grand péché au monde. Il faut nécessairement retourner vers Dieu», recommande Serigne Cheikh qui indique : «Dans un pays, si tout le monde est perdu, la fin du monde a sonné pour ce peuple. Au Sénégal, il est très difficile de faire respecter la discipline alors qu’elle est à la base de tout développement. Si les mœurs se dégradent, il sera très difficile de respecter les lois divines.» «Tout le monde ne peut pas travailler pour la vérité ; seules certaines personnes savent le faire. Qui œuvre pour la vérité doit d’abord se condamner mais aussi, condamner son propre pays. Maodo craignait beaucoup pour le Sénégal. Si nous voulons que notre pays nous soit utile, il nous faut penser à cette chose qui est indispensable», avance le chef religieux.
D’après lui, deux grandes figures historiques de ce pays, Alboury Ndiaye et Lat-Dior Diop, respectivement Bourba Djolof et Damel du Cayor ont quitté leur fief, pour s’exiler. «S’il n’y avait pas une trahison, ils ne quitteraient jamais leurs localités respectives pour s’exiler. Alboury est décédé au Niger, tandis que Lat Dior a fait un suicide mystique. Et pourtant, ceux-là sont les plus valeureux rois du Sénégal qui tous deux ont condamné ce pays qui est le Sénégal. Oumar Foutiyou Tall est lui aussi passé par là», regrette Serigne Cheikh selon qui, «comme l’a dit Maodo, dans ce pays, les coutumes ancestrales seront toujours au-dessus de la religion. On privilégie souvent le legs ancestral, au détriment des bonnes pratiques dictées par le Coran, livre dont il faut tenir compte. Trop de coutume ça ruine et ça peut être nocif pour l’individu et la société dans laquelle il vit».
«SENGHOR NE VOULAIT PAS ETRE LE CHEF DE L’ETAT»
Selon Serigne Cheikh, quand la Fédération du Mali a éclaté, il a fallu tout faire pour convaincre Senghor d’accepter d’être le Président du Sénégal. «Senghor ne voulait pas être le chef de l’Etat, arguant qu’en tant que chrétien dans un pays musulman, Mamadou Dia a le meilleur profil, en tant que musulman, pour être à la tête du pays», révèle-t-il.
«Quand, plus tard, il y a eu les problèmes entre Senghor et Mamadou Dia, en 1962, j’avais conseillé à ce dernier de démissionner de son poste, car c’était la seule solution envisageable. J’avais proposé à Me Abdoulaye Wade qu’on mette en place notre propre gouvernement. Parce que c’était usant d’accepter des élections falsifiées. J’ai participé à des élections uniquement pour montrer que je suis citoyen mais, je n’ai jamais voulu le pouvoir. Quand j’ai participé aux élections, je les avais gagnées mais, on me les avait volées et le gouverneur d’alors m’a téléphoné pour se moquer de moi», s’indigne Cheikh Tidiane Sy. «J’ai contacté des personnalités comme Feu Abdoulaye Fofona et Ousmane Diagne à qui j’avais demandé de créer une troisième force. J’avais contacté aussi Valdiodio Ndiaye qui, à son tour, me disait qu’on lui collait déjà l’étiquette de “Diaiste” et qu’on voulait l’éliminer, non sans me demander d’en parler à Senghor», se souvient-il, avec un brin de nostalgie manifeste.
«ON A PARLE, QUAND IL LE FALLAIT»
Le guide spirituel des Moustarchidines estime que le Sénégal appartient à tous ses fils qui doivent avoir une détermination. «Il est bien de faire ses ablutions, de prier et d’égrener les chapelets, mais cela ne suffit pas pour développer un pays comme le Sénégal. On reproche souvent aux marabouts et autres chefs religieux de ne pas parler quand il le faut, mais cela ne me concerne pas parce que j’ai tout dit, ici, au Sénégal. J’ai tout entendu dans ce pays mais, je n’ai jamais entendu quelque chose d’important. On a parlé quand il le fallait, je pense qu’on ne va pas se mettre à tambouriner pour faire entendre notre voix. Nous sommes devenus vieux, il faut que les plus jeunes prennent la relève», indique Serigne Cheikh. «Nous sommes dans un monde où il ne faut pas apprendre à polémiquer ou à se chamailler ; il faut plutôt apprendre à réagir par rapport aux polémiques», croît-il.
Le guide spirituel des Moustarchidines a évoqué la campagne électorale des Locales. A son avis, il faut faire en sorte que celle-ci soit faite dans les règles de l’art, en évitant de proférer des injures ou de se chamailler. «Que chacun fasse ce qu’il a à faire, dans la dignité. Si un remède doit créer un danger, il faut le revoir», affirme le petit-fils de Maodo qui se réjouit de ce qu’on pourrait appeler la voie du salut pour les hommes politiques sénégalais. «Je ne sais pas si c’est vrai ou non, mais on m’a dit que le Président Wade va rencontrer l’opposition ; si tel est le cas c’est une bonne chose», lance-t-il.
EDUCATION DES JEUNES
S’il y a une frange de la population qui a attiré l’attention du Cheikh, c’est bien la jeunesse. En effet,
durant tout au long de son discours, le marabout a beaucoup insisté sur l’éducation des jeunes. «Les jeunes ont besoin d’être encadrés. Et si les grandes personnes ne le font pas, un jour viendra où, il est certain que ce sont les jeunes eux-mêmes qui vont se charger de leur propre éducation. Si nous voulons bien éduquer ces jeunes pour qu’ils soient prêts à assumer leurs responsabilités, nous devons changer de mode d’éducation. Certaines façons d’éduquer, comme ça se faisait jadis, sont archaïques, démodées et totalement révolues», martèle le chef religieux.
Ce dernier juge «incompréhensible» et même «inacceptable» que plus de deux milliards de musulmans, des adeptes du Prophète Mohamed (Psl), continuent d’acheter tout ce dont ils ont besoin chez des gens qui, pour la plupart, ne croient ni en leur prophète encore moins au Coran. «Ces personnes qui vendent aux milliards de musulmans tout ce dont ils ont besoin sont en train de rivaliser avec Dieu, en créant du matériel, pourtant pas tout à fait indispensable pour vivre mais que d’aucuns pensent être utiles pour vivre. C’est une façon pour ces vendeurs-là de combattre l’Islam, de rivaliser avec Dieu, le Créateur de l’univers», se désole-t-il.
Source : Le Quotidien
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